Cette semaine marque le retour du Festival SXSW, le plus grand Festival d’innovations au monde, pour une nouvelle édition. Nous consacrerons plusieurs articles aux conférences qu’il accueille, à l’image de la synthèse à suivre de la session « How AI and the metaverse will shape society » animée par « le futuriste » Ian Beacraft de la société de prospective Signal And Cipher. Pour ne rien manquer des autres sujets abordés lors du Festival, nous vous invitons à suivre le profil Linkedin de notre Directrice Générale Clarisse Reille.
L’intelligence artificielle au sommet
Pour introduire son propos sur la place de l’intelligence artificielle dans notre société, Ian Beacraft reprend le « cycle de la hype » de Gartner, une courbe en forme de montagnes russes qui donne un aperçu de l’évolution d’une technologie au fil du temps. En s’appuyant sur les tendances Google, il explique que les cryptomonnaies se situaient en haut de la courbe l’année dernière et que c’est aujourd’hui l’intelligence artificielle qui se trouve au sommet, à un niveau encore plus élevé. Cela n’a pris que 2 mois à Chat GPT pour obtenir 100 millions d’utilisateurs VS 70 mois pour Uber ou encore 30 pour Instagram.
La fin de l’innovation telle que nous l’avons connue ?
Ian Beacraft cite l’ouvrage The Rise and Fall of American Growth de Robert J. Gordon selon lequel nos « meilleures années sont dernières nous ». Entre 1870 et 1970, l’innovation a pris de nombreuses formes et les Américains sont passés d’une maison isolée sans eau courante à la maison connectée par le téléphone et la voiture, avec un accès à l’eau et l’électricité. L’innovation touchait alors à tout : la communication, la santé, l’éducation ou encore la sécurité. Aujourd’hui, les technologies sont essentiellement au service de la communication et les datas sur lesquelles elles reposent nous posent un grand nombre de problèmes : misogynie, pornographie, stéréotypes, etc. Même Instagram a indiqué être conscient de contribuer à la création de problèmes de santé mentale. Assiste-t-on à un déclin de l’innovation ?
La révolution de la connaissance
Loin d’être pessimiste, Ian Beacraft estime que nous arrivons à « la plus grande révolution dans le domaine de la connaissance de l’histoire de l’humanité ». Si la révolution industrielle a mécanisé des compétences, aujourd’hui nous les digitalisons. Il s’agit de faire avec la connaissance ce que l’on faisait avec le travail physique. Ces compétences digitalisées ont la particularité d’être programmables (écrire un roman dans le style d’un auteur en particulier par exemple), composables (empiler les compétences les unes sur les autres) et améliorables.
L’avènement du Creative Generalist dans le monde du travail
Cette révolution de la connaissance introduit l’ère du Creative Generalist au travail. L’intelligence artificielle peut dépasser quiconque dans un domaine spécifique. Ceux qui ont un profil généraliste et curieux domineront cette nouvelle ère. Il ne s’agit donc plus d’avoir des connaissances spécifiques dans un domaine mais plutôt d’avoir la capacité de comprendre comment les différents champs fonctionnent. Ian Beacraft cite l’exemple d’un film réalisé sans trop de compétences techniques grâce à l’utilisation de plusieurs logiciels basés sur l’intelligence artificielle permettant de faciliter et de réduire le nombre d’étapes.
Des perspectives de croissance pour les entreprises
Nous sommes dans l’époque des médias synthétiques, AKA des contenus générés ou modifiés par des algorithmes. Nous pouvons créer un site grâce à l’intelligence artificielle, générer des contrats, et bientôt même, ces outils apprendront à utiliser eux-mêmes d’autres outils. Chat GPT pourrait, par exemple, transférer les sujets de science dure à une IA meilleure que lui sur le sujet.
Tout cela change la relation des individus au travail et ce que les entreprises attendent des salariés. Les postes deviennent « horizontaux », généralistes, avec des compétences « à la demande ». Pour Ian Beacraft, nous n’allons pas perdre nos emplois mais plutôt nos fiches de poste. Cela représente à la fois un potentiel de progression pour les salariés et des perspectives de croissance pour les entreprises.
Vers de nouvelles relations interpersonnelles dans le métavers
Outre son impact dans le monde du travail, l’intelligence artificielle peut intervenir dans la vie quotidienne des individus en les représentant à la manière d’un agent ou encore en générant un avatar dans le cadre d’une interview vidéo. On peut également utiliser l’intelligence artificielle pour avancer plus rapidement dans ses tâches administratives.
Le métavers ne reposera pas nécessairement sur la 3D. Il est particulièrement compliqué de devoir toujours porter un casque, notamment en termes de logistiques. Nous verrons potentiellement davantage de choses basées sur la lumière ou sur des technologies comme la synchronisation des téléphones, pour vivre et partager ces expériences augmentées.
L’intelligence artificielle dans la vie quotidienne, c’est aussi l’idée d’établir des relations interpersonnelles, qu’elles soient platoniques, romantiques ou techniques, etc. Ian Beacraft explique que la majorité des hommes dans la vingtaine sont aujourd’hui célibataires aux USA tandis que les femmes ne le sont pas. Dans ce contexte, il est selon lui possible de tomber amoureux d’une IA comme dans le film Her, plusieurs cas auraient été médiatisés récemment.
Etre acteur plutôt que spectateur du métavers
Ian Beacraft conclut « le futur est un sport de contact et il ne laisse pas de place pour des spectateurs sur le côté. Il s’agit de construire ce monde pour nous et de ne pas attendre que les autres le fassent. Si vous êtes sur le terrain, vous connaitrez les gains comme les pertes.». Plutôt que de s’inquiéter des conséquences de l’intelligence artificielle, notamment sur son emploi, il s’agirait donc de mettre ces outils génératifs à profit pour transformer ses compétences et construire un métavers à son image.
Pour plus d’articles, cliquez ici : www.defimode.org/innovation-digital/.