La Fédération de la Mode Circulaire et l’entreprise de conseil Accenture publient la deuxième édition de l’étude sur l’état des lieux et les perspectives du marché de la mode circulaire en France, avec le soutien du DEFI.
Vous pouvez télécharger l’étude ici. Nous vous en proposons une synthèse ci-dessous.
Le recul de la performance du marché de la mode en France et sa bipolarisation soulignent un réel besoin de réinvention de l’industrie. La circularité apparaît être la voie de transformation évidente – de par les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux qui en découlent – et démontre son potentiel de création de valeur en enregistrant une croissance à 2 chiffres depuis plusieurs années. En 2023, 6,8 milliards d’euros auraient été générés en France via les modèles d’affaires circulaires que sont la réparation, le réemploi, la location et l’upcycling soit une progression de 17% par rapport à 2022.
L’étude s’inscrit en complément de la première édition publiée en avril 2023. Elle met en lumière l’appropriation des modèles opérationnels de la réparation par les marques & enseignes, et dresse un état des lieux sur les marchés du réemploi, et du recyclage à l’échelle de la France.
- La réparation
La réparation trouve un second souffle en 2023 avec une offre qui se redynamise et des marques qui affirment leur positionnement. Les stratégies et modèles opérationnels multiples mis en place par les acteurs démontrent un potentiel de modernisation certain, notamment dans la gestion du SAV et pourraient bénéficier de l’émergence des acteurs de la tech. Ces derniers soutiennent une expérience client irréprochable et une meilleure fluidité des processus opérationnels, en s’inspirant des mécanismes de l’automobile ou encore de l’électroménager.
Les consommateurs quant à eux commencent à ré-adopter ce réflexe, surtout lorsque le service est attractif d’un point de vue prix, réalisé à proximité et exécuté de façon qualitative. C’est dans ce contexte que le bonus réparation lancé fin 2023 joue un rôle de levier financier et incite le recours à l’acte de réparation. La rentabilité est un enjeu clé et reste à trouver, mais la pluralité des bénéfices associés à ce service contribue positivement au retour sur investissement global. Un effort collectif en matière de formation pour renouveler l’artisanat, de pédagogie pour convertir le consommateur, ainsi que des stratégies individuelles qui intègrent la réparation tout au long de la chaîne de valeur de l’entreprise, participeront à la croissance présagée de ce service clé pour la durabilité.
- Le réemploi
2023 a été pour beaucoup l’année de l’accélération du réemploi. Densification de la distribution, démocratisation cross-génération de la consommation seconde main ou encore structuration de l’écosystème de la revalorisation : autant de mouvements qui sont venus alimenter ce verbatim enthousiasmant « le réemploi, tout le monde y va ! ». Le dynamisme de la seconde main se lit dans la performance du marché, qui a généré 5,3 milliards d’euros en 2023, soit une croissance de 18% par rapport à 2022. Cette tendance à la hausse devrait perdurer puisqu’on estime que les ventes valeur sécurisées via ce modèle d’affaire pourraient atteindre 11,6 milliards d’euros en 2030.
Deux axes de travail seront à prioriser pour porter cet essor : la désirabilité et la communication. Par ailleurs, un défi majeur sera à relever : celui de l’équilibre financier. Sur ce sujet clé, la diversification des activités, l’automatisation des opérations, la collaboration avec des spécialistes ou encore l’incitation au juste prix feront partie des pistes à explorer pour générer de la valeur et/ou réduire les coûts associés.
- Le recyclage
L’année 2023 a également été caractérisée par des progrès concrets en matière de recyclage. Le lancement de projets prometteurs sur la préparation matière et le recyclage enzymatique avec la construction de la première unité industrielle en France constitue, en effet, une avancée réjouissante en faveur de la réindustrialisation de la France et de la souveraineté nationale.
Des défaillances d’acteurs circulaires ont aussi frappé les esprits ces derniers mois et souligné que, comme pour toute transformation, le chemin vers une mode durable est parsemé de défis. Il conviendra, toutefois, de retenir en priorité l’avancée réalisée grâce à ces projets avortés et tirer les enseignements clés sur lesquels l’ensemble de l’écosystème pourra capitaliser.
👉 Les perspectives du marché de la mode circulaire en France sont exaltantes à l’horizon 2030, avec un potentiel de création de valeur de 14,3 milliards d’euros et de réduction d’émissions potentielles de CO2e de 16% dans une logique de production et consommation raisonnée. La mode circulaire devrait également être un vecteur de croissance intéressant pour l’emploi : ~35,000 emplois directs potentiellement créés ou maintenus d’ici 2030, ce qui compenserait une majeure partie des pertes subies dans l’industrie ces 10 dernières années.
Les actions nécessaires pour concrétiser les perspectives et répondre aux 5 enjeux clés que sont la durabilité, la traçabilité et la transparence, la rentabilité et la pédagogie :
- Réinventer le processus créatif pour une conception durable.
- Investir dans la traçabilité et dans des stratégies de transparence.
- Considérer l’usage des produits comme une source de revenus à prioriser.
- Intégrer la circularité dans tous les rouages des sociétés.
- Se diversifier et savoir pivoter.
- Sensibiliser et séduire le consommateur.
- Partager les données et succès.
En parallèle, un accompagnement de la filière sera nécessaire. Des initiatives favorables à la création de synergies, au développement de labels, à la montée en compétence dans le domaine artisanal etc. seront à lancer pour soutenir la progression collective.