Nous avons rencontré Jean-Marie Caoudal et Benjamin Colas, cofondateurs de la startup Veertus. Veertus a mis au point un système de scan 3D permettant d’analyser plus de 40 critères morphologiques et d’y faire correspondre les vêtements les plus adaptés de ses marques partenaires grâce à l’intelligence artificielle.
Veertus est née du besoin éprouvé par Jean-Marie de trouver plus facilement des vêtements qui lui correspondent. Le développement de briques technologiques à même de transformer ce désir en réalité l’a conduit à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.
« On a créé Veertus en Novembre 2017 et cela répondait à des besoins presque personnels. J’avais le sentiment que même si l’offre était surabondante, elle ne m’était pas vraiment destinée. J’avais beaucoup de difficultés à trouver des produits qui m’allaient. En même temps, je me suis très vite rendu compte qu’il y avait beaucoup de briques technologiques qui avaient évolué ces dernières années et qui permettraient de répondre assez facilement à cette frustration : des briques comme la possibilité de déterminer rapidement des mesures via des body scanners, mais aussi et surtout des briques de deep learning qui permettent de sortir d’une image beaucoup plus d’informations que ce que nous étions capables de faire il y a encore 3 ou 4 ans. »
Le concept Veertus se matérialise sous la forme d’une application mobile et d’un studio de scan 3D installé dans les centres commerciaux. Le studio scanne chaque silhouette et envoie les résultats à l’application qui propose ensuite une sélection de vêtements adaptés à l’utilisateur et disponibles dans les boutiques du centre commercial. Chaque critère morphologique a été minutieusement étudié par une équipe de stylistes pour être associé à des critères de vêtements. Dans le même temps, les goûts de l’utilisateur ne sont pas laissés de côté : une fois la sélection reçue, l’utilisateur est invité à « liker » et à « disliker » les vêtements en fonction de ses goûts. Grâce à la prise en compte des goûts de l’utilisateur, la sélection atteint un très haut niveau de personnalisation, une caractéristique que Veertus souhaite encore renforcer :
« La dernière étude d’usage que nous avons réalisée montre que les personnes veulent que l’on prenne en compte leurs goûts beaucoup plus vite. C’est encore plus vrai chez les hommes qui finalement arrivent avec un besoin et souhaitent que l’on réponde tout de suite à ce besoin. Nous souhaitons encore développer cette partie goûts, l’accentuer : en fonction du profil, la personne pourra soit naviguer entre un éventail de produits que nous aurons sélectionnés, soit au contraire être beaucoup plus décisionnaire de ce qu’elle veut voir. Et je pense qu’une personne peut avoir envie de flâner et à un autre moment envie d’un achat beaucoup plus efficace. »
Veertus agit sur l’expérience client des visiteurs de centres commerciaux. Pour l’améliorer jusqu’au bout, les studios de scan 3D ont été conçus comme des espaces confortables et chaleureux. Le parcours du client dans le studio de scan 3D comme sur l’application se veut également le plus fluide possible.
« L’espace Veertus est en bois, très beau, qualitatif et cosy. Chaque visiteur de centre commercial peut accéder à cet espace où nous l’accueillons et lui proposons de rentrer dans une cabine de mesure 3D équipée de capteurs infrarouges. L’avantage des capteurs infrarouges, c’est qu’ils assurent une confidentialité totale des données : ce n’est que de la donnée technique qui ressort. La prise de mesure est très rapide, elle ne dure que 3 secondes. Dès que la personne sort, elle a accès à une application qui lui donne les recommandations attendues. D’un swipe à droite ou à gauche, elle pourra dire si elle aime ou si elle n’aime pas, et tout ce qu’elle a aimé se retrouvera dans une « fashion list ». Elle n’a alors plus qu’à se rendre dans les magasins en question pour aller essayer cette fashion list et l’acheter. »
Plus qu’un outil au service de l’expérience client, Veertus est également un outil précieux pour le marketing des marques partenaires. La startup leur permet de faire des promotions personnalisées, de tester de nouveaux produits, mais aussi de mieux connaître leur clientèle et leur positionnement sur le marché par le biais d’études réalisées sur la base des données collectées.
« Nous pouvons faire des notifications personnalisées et nous pouvons très bien imaginer qu’un prototype soit proposé à nos utilisateurs et que l’on puisse savoir rapidement si le produit a de bons retours. Nous proposons également des études qui permettent aux marques de mieux comprendre les attentes de leur clientèle et de faire une analyse de leurs collections par rapport aux collections globales du centre commercial. »
Si Veertus se distingue de la concurrence grâce à cette vision stratégique, elle le fait également en recommandant des vêtements ciblés et non pas uniquement des tailles de vêtements.
« Notre ambition est d’outiller leur vision stratégique et c’est un élément différenciant d’un certain nombre de startups : soit elles sont en plugin, soit elles n’ont pas tout à fait la même approche. Nous leur permettons d’avoir une longueur d’avance. Par ailleurs, beaucoup de personnes pensent que nous allons simplement déterminer une taille. En l’occurrence, la taille n’est qu’un élément secondaire pour nous. On dit que la principale raison des retours sur les sites e-commerce est la taille, en réalité la coupe va avoir autant d’importance. Nous étudions le moindre détail de la silhouette, la pente d’épaule par exemple. Si l’épaule est filante, nous proposons des vêtements avec de l’apport matière sur les épaules ou des emmanchures droites : nous sommes vraiment sur ce niveau de détails. Nous travaillons sur 40 caractéristiques morphologiques que nous associons à plus de 100 caractéristiques de vêtements. »
La startup utilise plusieurs technologies : scan 3D, intelligence artificielle (notamment deep learning et reconnaissance d’image). Une grande partie des développements en intelligence artificielle a été externalisée pour être confiée à des experts. Aujourd’hui, une dizaine de personnes travaillent quotidiennement sur le projet Veertus.
« Nous utilisons ce qu’on appelle du web scraping ou du crawling : cela consiste à aspirer le contenu des sites e-commerce des marques. C’est une solution qui ne nécessite pas d’investissement particulier de la part des marques puisque nous avons simplement besoin de leur accord pour accéder à leur site e-commerce. C’est très facile, très plug and play. Le deuxième avantage, c’est que nous pouvons également le mettre à jour de manière quasi-immédiate, nous pouvons donc accompagner des fast fashionners. Nous sommes aujourd’hui quatre opérationnels sur Veertus et nous avons des partenaires avec qui nous faisons beaucoup de développement : il y a à peu près une dizaine de personnes qui travaillent quasi-quotidiennement sur notre projet. Pour l’intelligence artificielle, il y a une partie externe, cela a été notre choix de travailler avec des organisations qui savaient très bien le faire et que nous avons benchmarkées. »
Lorsque Veertus s’implante dans un nouveau centre commercial, elle passe un accord avec le bailleur et signe un contrat avec les marques souhaitant êtres référencées. Pour le moment, la startup n’envisage pas de s’implanter dans des espaces monomarques, à l’exception peut-être des boutiques de luxe et de lingerie. La lingerie est notamment un secteur sur lequel Veertus souhaite entraîner ses algorithmes dans les mois à venir, à suivre !
« Notre contrat avec les marques repose sur le fait que nous référençons les collections pour les caractériser et les promouvoir de manière personnalisée. Pour les implémentations physiques, nous sommes en lien avec les centres commerciaux avec qui nous avons des accords. La solution multimarques est ce qui est attendu par l’utilisateur : il souhaite avoir l’ensemble des marques référencées et attend une totale neutralité. A l’inverse, on ne pourrait envisager le business model monomarque que dans le luxe ou la lingerie ».
Pour en savoir plus : www.veertus.com
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