L’ADEME a publié la première phase de l’étude visant à dresser le potentiel de recyclage des textiles non réutilisables à horizon 2029, en considérant leur diversité, leur nombre, les procédés existants et à venir pour les recycler ainsi que les débouchés pouvant incorporer des matières premières recyclées.
Il est à noter qu’il existe un ordre de priorité défini au niveau européen pour la gestion des déchets : la hiérarchie des modes de traitement. Quand un déchet n’a pas pu être évité, la personne chargée de la gestion du déchet doit privilégier, dans l’ordre : la réutilisation, le recyclage, la valorisation énergétique puis enfin l’élimination (à éviter dans la mesure du possible).
L’étude s’appuie sur des travaux existants et sur des entretiens avec des acteurs français de la filière textile. La première phase qui vient d’être publiée fait un état des lieux des gisements, du recyclage, des acteurs et des débouchés.
Les gisements des textiles non réutilisables
- L’étude montre que le gisement de déchets textiles français serait de l’ordre de 1.65 millions de tonnes par an en France, dont 1.47 millions seraient non réutilisables et parmi ces derniers, 110 000 tonnes seraient recyclées. D’ici 2029, ces chiffres passeraient respectivement de 1.98 millions, 1.80 millions puis 378 000 tonnes.
- Le tonnage des déchets textiles est dominé par les textiles ménagers (54%) et techniques (40.9%).
NB : le textile ménager (habillement, linge de maison etc.) étant soumis à la responsabilité élargie du producteur, la filière dispose de données solides à son égard. L’ADEME ne disposant pas de telles données pour les autres catégories de textile prises en compte dans l’étude (professionnels, techniques et déchets de chute de production), il convient d’interpréter les chiffres comme des ordres de grandeur maximum.
Le recyclage des déchets textiles non réutilisables
- Les voies de recyclage mécanique sont prédominantes aujourd’hui dans le traitement des textiles usagés non réutilisables, avec quelques capacités industrielles présentes en France (effilochage, préparation essuyage, production de non-tissés, filature).
- Les autres voies de recyclage (thermomécanique, chimique, thermochimique) font l’objet de nombreux travaux de recherche et développement notamment en France, dont certains relativement avancés. Elles pourraient déboucher sur l’industrialisation de nouvelles capacités de recyclage, complétant utilement les autres capacités françaises déjà opérationnelles.
- Les étapes de préparation des déchets textiles non réutilisables (sur-tri matière et couleur, délissage) sont clés pour augmenter le recyclage et être en capacité de produire des matières premières recyclées adaptées en quantité et en qualité aux besoins des utilisateurs.
- Des freins existent, qu’ils soient d’ordre économique et/ou technique. A noter, hors périmètre de l’étude, qu’une part du recyclage des déchets textiles collectés en France s’opère à l’étranger.
- Il est donc nécessaire de surmonter ces difficultés pour à l’avenir, déployer le recyclage sur le territoire français et européen. Les politiques volontaristes de relocalisation industrielle dans l’UE constituent une opportunité en ce sens.
Les débouchés pour les textiles non réutilisables recyclés
- Sur le plan quantitatif, les débouchés permettant d’absorber le plus de matières premières textiles recyclées sont le secteur de l’isolation des bâtiments, les secteurs de la plasturgie et du recyclage chimique, l’essuyage, l’automobile et la filature.
- La capacité des débouchés à absorber des matières premières recyclées dépend de 9 critères : la composition des matières premières recyclées, leur capacité de recyclage, leur pureté, la présence de perturbateurs au recyclage, les attentes du marché, la maturité du débouché, la saturation actuelle et à venir du marché du débouché et la compétitivité-prix du débouché.
👉 Les travaux qui seront conduits en phase 2 sur différents débouchés jugés pertinents à approfondir, visent à bien identifier les verrous et les leviers possibles pour développer les chaînes de recyclage associées. Cela favorisera une orientation plus précise de l’accompagnement des pouvoirs publics en direction des débouchés du recyclage des textiles non réutilisables.