Il y a quelques jours, l’Institut Français de la Mode organisait une conférence présentée par Gildas Minvielle pour dresser le bilan détaillé de 2024, analyser les grandes transformations et donner une idée des perspectives pour le secteur en 2025.
Le bilan du marché de la mode en 2024
En 2024, le secteur de la mode en France a connu une légère hausse des ventes en valeur, avec un chiffre d’affaires textile-habillement des distributeurs en progression de +0,1 % par rapport à 2023, et de +0,5 % pour l’habillement seul. En intégrant le trio Shein, Temu et Amazon, la croissance du marché (online inclus) passe de +0,1 % à +1 %.
Les prix ont légèrement augmenté de 0,5 % en 2024, et une stabilité est attendue en 2025 (+0,1 %). Toutefois, les ventes restent en recul de 5,5 % par rapport à 2019. Les chaînes de grande diffusion (comme Kiabi et Gémo), orientées vers le petit prix, se démarquent avec une croissance des ventes de 10.8%.
De plus, en 2024, les ventes en ligne dans le secteur de la mode en France retrouvent une tendance positive, enregistrant une hausse de 1,7 % par rapport à 2023.
Selon une enquête consommateurs IFM, lorsqu’il est demandé sur quels sites de vente en ligne les consommateurs réalisent la majeure partie de leurs achats mode (avec 5 réponses possibles), Amazon arrive en tête avec 26,3 %, suivi par Décathlon (21,4 %) et SHEIN (19,9 %).
Dans un contexte de hausse de la consommation de 0.1% en 2024, Gildas Minvielle propose trois scénarios (optimiste, médian, pessimiste) pour la croissance de la consommation d’habillement en 2025 : +2%, +0.2%, -2%.
Les transformations du secteur de la mode
- Des écarts de prix qui redéfinissent le marché. En 30 ans, les prix des produits mode n’ont progressé que de 10 %, contre 49 % pour l’ensemble des biens de consommation. Toutefois, les écarts de prix se sont creusés, le milieu de gamme étant désormais trois fois plus cher que l’ultra fast-fashion. Cela nuit à l’attractivité du milieu de gamme, ainsi que du premium et du luxe accessible.
- 58 % des marques-enseignes proposent aujourd’hui des produits de seconde main. Pour 59 % des consommateurs, le prix reste le principal moteur de l’achat de seconde main, tandis que 34 % mettent en avant la préoccupation écologique.
- La percée de l’ultra-fast-fashion. Environ 35 % des consommateurs ont déjà acheté des articles de mode chez Shein, et parmi eux, 69 % l’ont fait principalement en raison des prix accessibles. En revanche, seulement 27 % des consommateurs affirment éviter systématiquement d’acheter des produits de mode fabriqués en Chine.
- Les défis du e-commerce : des enjeux différenciés selon les gammes de prix ? Le e-commerce représente aujourd’hui environ 23 % des ventes de mode. La dynamique de l’ultra-fast fashion a conduit une grande partie des consommateurs à associer le e-commerce à des prix bas. Pour les chaînes spécialisées, chaînes de grande diffusion, ainsi que les grands magasins et magasins populaires comme Monoprix, la part des ventes en ligne est d’environ 10 %. Dans le secteur du luxe, les marques réinvestissent dans le retail physique pour maintenir leur attractivité.
👉 En conclusion, le secteur de la mode continue sa mutation profonde, entre nouveaux modèles économiques et attentes évolutives des consommateurs. L’agilité et l’innovation seront clés pour les acteurs souhaitant prospérer dans ce paysage en constante évolution.