Cette jeune femme de 30 ans bouscule les codes de la mode pour mieux penser son avenir grâce à son think tank, l’inspirant Futur 404. Portrait.
Sa sensibilité et son hyper conscience, Noémie Balmat a décidé d’en faire une force, un atout pour mettre la mode face à ses propres contradictions et aider cette industrie souvent décriée pour son empreinte environnementale à avancer et à innover.
Grâce à Futur 404, un think tank qu’elle a monté il y a deux ans avec son meilleur ami, Allan Joseph, Noémie Balmat s’attache à « explorer les futurs possibles de la mode à travers l’innovation durable ». Contrairement à Error 404 (vous savez bien, la page non trouvée sur Internet), la tag line de Futur 404 c’est justement ce qui n’a pas encore été trouvé ou « Not found… yet » (pas trouvé… encore).
Média, conseil, conférences
Futur 404 se déploie en plusieurs activités. D’abord, une partie média, avec un site en ligne et un livre. Puis une activité de conseil pour accompagner les marques de mode dans leur évolution ; par exemple, répondre à des questions autour de sujets tels que les nouvelles féminités ou encore l’intelligence artificielle, avec des recommandations stratégiques et opérationnelles.
La dernière fonction de Futur 404, pas des moindres, concerne l’évangélisation, plus en référence à la Tech qu’aux églises du même nom, pour les formations et conférences.« Aujourd’hui, on signe des accords de confidentialité à trente ans » lâche Noémie, quasi estomaquée, pour évoquer le succès de sa boîte. Pour autant, la jeune femme, qui commence tout juste à se payer, a la tête sur les épaules et sait que rien n’est acquis.
Une initiative visionnaire
C’est d’ailleurs en autodidacte, passionnée et concernée par les profonds bouleversements du monde moderne, que Noémie Balmat s’est formée à la question de la mode et de l’innovation car rien ne semblait la prédestiner à ça. Née dans les montagnes de Chamonix d’un père savoyard et d’une mère hongkongaise, elle est très tôt confrontée à la question de la différence et de la diversité. Elle se sent mal adaptée à l’école, mais finit pourtant par faire une école de commerce pour rassurer ses parents.
Sans aucun contact, mais avec beaucoup de volonté, elle atterrit dans l’univers de la publicité comme chef de projets. Elle découvre l’envers du décor, le pire et le meilleur du monde du travail. Elle s’ennuie et monte Clausette, un webzine sur l’innovation et le futur dans la mode où elle parle de développement durable et de jeunes créateurs. On est en 2015, elle est alors la seule à réfléchir à ces questions.
Repérée par Pascal Morand, le président de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode puis par Clarisse Reille, la directrice générale du Défi, qui l’encouragent à poursuivre et structurer son projet, elle quitte définitivement l’univers de la pub pour lancer Futur 404. « Le 404 est intrinsèque à ma personne. Je suis consciente qu’il y a des erreurs dans le système » ,souffle-t-elle.
A l’observer, on lui trouve des airs de Tank Girl, cette héroïne de bd des années 80, libertaire et anarchique. On ne s’étonnera donc pas que Noémie Balmat cite en référence les philosophes Michel Serres et Edgar Morin ou la théoricienne féministe américaine Karen Barad. Quant à l’avenir de la mode et du reste ? « Tu as tout entre les mains, m’a dit mon horoscope de ce matin. C’est de la charlatanerie mais ça me fait rire ».